"Au commencement était le désir"
- servatcoaching
- 21 nov.
- 3 min de lecture
Ecrit dans son article en 2009 ma superviseuse, Brigitte Martel pour éclairer le rôle du désir omniprésent et essentiel dans la relation thérapeutique.
Que se passe t’il si j’ai du désir pour mon client, que faire avec celui de mon client ? Allons-nous ensemble déraper en voulant nous rencontrer ? Ce sera important dans ce cas pour moi, psychopraticien, de noter mon empressement à reposer le cadre « je suis votre thérapeute et vous rappelle que nous n’aurons pas de rapport sexuel » au risque se priver de l’énergie -désir – du client et à empêcher ce dernier de mieux se connaitre
« qu’est-ce que nous faisons donc de notre désir en séance ?».
L’étymologie du mot désir (de de-siderare) évoque à la fois un manque (absence de l’étoile) et une tension vers l’objet (vouloir obtenir). Robert Misrahi le définit comme un « manque dynamique visant à être complété », ce qui le rapproche de la dynamique gestaltiste axée sur le mouvement et la création. Aristote liait déjà désir et action. Dans cette perspective, le désir est un élan vital, proche de ce que la Gestalt appelle agressivité saine..
Dans ma pratique je ne peux faire abstraction du désir. Il se manifeste sous différentes formes :
Quel est mon désir d’aider, convaincre, être reconnu comme thérapeute par exemple.
Quel est celui du client d’être vu, écouté, materner ou plaire ?
Ces désirs ne peuvent être dissociés, car ils émergent dans le champ relationnel, et je dois donc dans ma pratique les accueillir et les mettre au travail.
Brigitte me propose souvent de les revisiter en supervision selon trois critères : puissance, cadre, et forme de contact.
🔹 1. Désir ajusté :
Je suis dans ma puissance, respecte le cadre, et le contact est vivant avec mon client. Ce désir soutient le processus thérapeutique.
🔹 2. Désir hypertrophié :
Je me surprend à vouloir sauver un client de ses souffrances intenables prolongeant les séances inconsciemment pour « donner plus ».
🔹 3. Désir hypotrophié (panne de désir) :
Je ressens ennui, neutralité, coupure émotionnelle et me désinvestis de la relation, en position asymétrique.
🔹 4. Désir distordu :
Je ne suis pas conscient d’un désir sous-jacent, qui agit à son insu (ainsi mon désir inconscient de vengeance via un client pour qui tout est apparemment facile)
Désir sexuel et fantasme
Je suis formé en Intégration Posturale Psychothérapeutique développée dans les années 1970, notamment par Jack Painter, dans le prolongement du Rolfing (travail myofascial), de la Gestalt-thérapie, et de l’analyse reichienne.
Le contact y implique de rencontrer directement l’essence du client, que ce soit dans un silence partagé, par l’expression verbale ou bien de façon plus singulière par un toucher thérapeutique peau (main du thérapeute) à peau (fascias du client). Dans cette perspective, le corps, les émotions, les pensées et les mots prononcés interagissent et sont porteurs de sens. L’objectif initial est d'abord d’amener le client une plus grande conscience de son corps et de ses sensations (« je sens du froid ...), en lien avec des émotions et des souvenirs parfois refoulés (« je me tends quand quelqu’un vient me toucher »), et d’accueillir ce qu’il advient comme libération de mouvement et d’énergie après des mouvements de décharge (notamment par activation du système nerveux parasympathique). J’ aide le consultant à repérer les émotions dans leur diversité à et éventuellement à modifier les schémas de pensée, assouplir ses comportements qui maintiennent certaines tensions et blocages physiques et psychologiques.
Je veille à
Augmenter la perméabilité de mes frontières.
Donner un point d’appui léger et non invasif en même temps qu’il permet au client d’aller à la rencontre de ce qui le fait souffrir et l’anime et non la refuser afin de valoriser les histoires passées pour leur donner du sens et permettre de se réconcilier avec soi.
Être suffisamment sécurisant pour que le client puisse accueillir ce nouveau, de l’inconnu qui émerge et éventuellement choisir de se redresser dans son mouvement de vie singulier.
Accepter si elle advient une sensation d’espace intérieur et même de joie, accompagnée d’une sensation de flux d’énergie qui peut être un baromètre de la relation thérapeutique.
Sur ce dernier point, je vais devoir donc avoir à gérer un possible désir sexuel, souvent redouté en thérapie. Il peut être pourtant être réhabilité comme une énergie et un outil de transformation, Comment reformuler les règles déontologiques non pas comme des interdits, mais comme des repères d’ajustement du désir, en lien avec le cadre, la puissance et le contact.
Une déontologie fondée sur la vitalité plutôt que sur la peur de la transgression :
« Trop de désir, il encombre ; trop peu, il fige ; non reconnu, il désorganise ».
La reconnaissance du désir, son ajustement et sa régulation sont des compétences centrales du thérapeute gestaltiste et psycho-corporel, et il est présent à quasiment toutes mes séances de supervision.






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